LATINS DE JAZZ... , 22nd August (Piano solo Concert)
Pour son cinquième soir sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny, c’est un double plateau que propose Jazz Campus en Clunisois 2025. Après le concert solo de la pianiste coréenne Francesca Han, la saxophoniste Lisa Cat‐Berro, à la tête de son quintet, présente son programme « Good Days‐Bad days ». Une soirée en deux temps où le tumulte succède à l’élégance.
En ouverture de la soirée en deux temps du vendredi 22 août 2025, Didier Levallet accueille la pianiste coréenne Francesca Han, installée en France après avoir joué à Tokyo et New-York.
D’emblée, sa main droite délivre avec délicatesse des notes lumineuse et élégantes puis le propos musical se densifie et la pianiste installe un climat de rêverie où les notes aiguës claquent comme des gouttes de pluie. Elle enchaîne avec un morceau du pianiste japonais disparu Masabumi Kikuchi. Sur un tempo plus rapide, elle débute par une ligne mélodique continue puis déconstruit le rythme, pose des accords dissonants, martèle le clavier. La musique s’adoucit, s’étire, semble se diluer, s’évaporer, se transforme en une ballade d’où émerge la quintessence du son. Sur un tempo très ralenti, les notes deviennent perles de rosée. Après cette musique crépusculaire, la main droite de Francesca Han esquisse des notes ensoleillées chargées d’un souffle d’espérance. Accélérations et ralentissements rythmiques se succèdent créant un univers contrasté où légèreté et densité se disputent la préséance. Le public retient son souffle… l’extase n’est pas loin.
Une sobre quiétude habite le morceau suivant dont les grappes de notes jouent avec le silence. Un moment musical sensible et nostalgique dont l’atmosphère évoque la floraison des cerisiers et la légèreté des pétales qui tombent. La pianiste chantonne en même temps qu’elle joue puis continue avec Le Musichien du pianiste François Tusques.
Le set se termine avec une version singulière du Think of One de Thelonious Monk. Avec vigueur et fantaisie, Francesca Han martèle le clavier, déclenche une tempête musicale puis ralentit son propos qui se fait interrogatif et poétique. Une interprétation audacieuse et impertinente, tout à fait dans l’esprit monkien.
Sous les applaudissements nourris du public enthousiaste, Francesca Han termine avec un morceau de Martial Solal écrit pour le film de Jean-Luc Godard, « A bout de souffle ». Puis délicatesse et emphase coexistent dans une version revisitée et audacieuse de Body and Soul où les notes piquetées du thème pointilliste flirtent avec le silence.
Ourlée d’impressions et brodée de sensations délicates, la musique de Francesca Han a installé un climat intimiste dans la salle du Théâtre Les Arts de Cluny. Une élégance infinie habite ses rêveries sonores feutrées autant que ses effervescences maîtrisées. L’art de la pianiste met en valeur le son autant que le silence. Elle a offert au public un grand moment musical, entre suspension et emportement.
Nicole Videmann - Latins de Jazz…& Cie
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